Suspension des rôles et introspection : Réflexions sur une retraite en silence

Oct 27 / Philippe Boucher
« Le silence est la condition fondamentale permettant d'entendre l'appel de la beauté et de pouvoir y répondre avec élégance. » 
Thich Nhat Hanh, Silence - Le pouvoir du calme intérieur

Départ

Ça y est ! Je suis parti faire une retraite de méditation silencieuse. Pas n’importe où à part ça : à Spirit Rock Meditation Center, un peu au nord de San Francisco. Je suis dans l’avion au moment d’écrire ces lignes, entre Toronto et San Francisco.


Depuis qu’on a adopté les garçons que je ne me suis pas permis de faire quelque chose dans le genre… Partir seul une semaine. Je dois confier que depuis quelques jours, je ne suis pas du monde à la maison. On dirait que ça a crinqué mon niveau d’anxiété… Un peu plus intense avec ma blonde et mes garçons malgré le fait que j’ai fait plus de sept heures d’entraînement dans la semaine pour me calmer les nerfs. Eh bin oui, on peut enseigner la méditation et être intense. Ma famille est déjà plus tranquille depuis que je suis parti et tous s’entendent pour dire que j’en avais besoin.

Contenu de l'article

Suspension des rôles

Des habitudes bien ancrées  !

Pas perdre le momentum

Est-ce que je vais retrouver les projets pour Espace Metta avec la même vigueur que lorsque je les ai quitté ?

Le silence me fait un peu peur

Pas toi ?

Conclusion no1

Avant la retraite. Il y aura une conclusion après la retraite.

Suspension des rôles

Je ne réalisais pas qu’avec les années je m’étais fait un confort aussi grand avec les miens. On a beaucoup voyagé comme famille, probablement au-dessus de la moyenne. Alors, je suis vraiment à l'aise de prendre l’avion même si je n’aime pas beaucoup les douanes et le fouillage de bagages. Qui aime ça anyway, mais c’est un mal nécessaire. Je suis organisé et je connais bien les étapes de mon voyage.

C’est ailleurs que je me suis surpris à être déstabilisé de partir seul. Ça fait pas huit heures que je suis partie et je m’ennuie déjà. Et parlez-en à ma mère, je ne suis pas vraiment un ennuyeux de nature. Je pense qu’une partie de mon déséquilibre vient du rôle que j’ai fini par avoir chez nous. À la maison, j’en mène large dans les affaires du quotidien : épicerie, cuisine, commissions en tout genre, gestion des affaires scolaires, gestion des finances, entretien de tout ce monde-là, de la maison et des chiens. Je ne ferai pas brailler les mères/pères monoparentales et je ne me compare à personne ici… Beaucoup en font sûrement plus que moi dans tous ces domaines. Et je fais tout ça avec plaisir (aucune amertume ni sentiment d’iniquité), spécialement quand je regarde Hélène travailler aussi dur. Je ne parle que de mon expérience intérieure dans le but de comprendre mon état du moment. Je pense simplement que de suspendre tous ces rôles pour une semaine me prend de court. Je me préoccupe d’avoir oublié d’acheter du café pour ma blonde, qu’ils seront capables de se faire à manger (Sebastian avait une vraie inquiétude… et je trouve ça très drôle !), que les chiens ne vont pas faire des dégâts, que les vidanges seront sorties… Bref, faut que je laisse aller et ça fait drôle.

Pas perdre le momentum

Heureusement qu’avec les années, j’ai appris à être moins indispensable au studio. Je n’ai jamais eu une aussi bonne équipe qu’en ce moment. Espace Metta s’est enrichie de professeures compétentes, dévouées et humaines (la qualité no 1 de nos jours, à mon humble avis). Tout ça pour dire que je pars avec le cœur assez léger concernant le roulement du studio. La belle communauté de prof a levé la main tout de suite pour mes remplacements. De ce côté, Espace Metta est équipé et j’ai une confiance aveugle à toutes celles qui en font parties.

C’est plus du côté des projets que je laisse en plan que c’est difficile. Je travaille encore à faire de la plateforme virtuelle un lieu de partage de connaissances et d’expériences et ce projet est loin d’être terminé. Si vous fréquentez un peu le studio, vous savez que nous avons également de grands projets dans le collimateur. Tout ça en plus des formations que nous mettons sur pied ou celles que nous améliorons constamment. Bref, j’ai l’impression de partir avec le four à 450 F alors que tout est en train de cuire. Pis... c'est là que je pars, en plein milieu de tout ça. Je sais pourtant que les projets vont m’attendre mais tsé, quand t'es sur une lancée, c’est un peu plate de mettre ça de côté. Bin oui, ça m'inquiète un peu de perdre le momentum.

Le silence me fait un peu peur

Et enfin, il y a le silence : pas de placotage entre les participant.es, pas d’ordinateur, pas de téléphone, pas de livre à lire, pas de quoi écrire. Un moment pour être avec moi-même. Et là j’ai un mélange de folle excitation et de folie de dépendance à tous ces moyens de communication. Pas même écrire… come on ! Et en même temps, il y a quelque chose de jouissif dans l’idée de recommencer à faire ce type de retraite. J’ai besoin de faire le vide ou le plein… je sais pas trop dans quel sens ça va partir. Ça fait plus que 12 ans. Évidemment, j’ai choisi mon sujet (aussi... ça fonctionnait bien dans notre vie). Je vais dans une retraite dont le thème est l'impermanence : Befriending mortality: Living An Awakened Life Through Mindfulness of Death… C’est le sujet qui me connecte le plus avec le sentiment urgent de vivre une vie sans regret… Pas le style Yolo, à la mode il y a quelques temps mais, de sentir intimement que ça passe vite en maudit la vie et que c’est le temps maintenant de faire quelque chose avec cette aventure. 

Conclusion no1

Alors voilà à quoi ça ressemble en partant. Des sentiments partagés entre la suspension de mes rôles au sein de notre unité familiale, une crainte de perdre le momentum dans des projets que je mène de front en ce moment (les nerfs, c’est juste une semaine !), le côté contraignant de l’absence des communications (ouf, plus dépendant qu’attendu) et l’excitation dans prendre du temps de qualité pour moi (t’es donc bin important Philippe Boucher… la tite voix hein ! L’avez-vous aussi de temps de temps) Je vous reviendrai avec la deuxième conclusion de cette aventure… Dans une semaine.

Philippe
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