Les mondes que nous habitons : karma, émotions et présence

Apr 5 / Philippe Boucher
« Qu’est-ce que le destin ? » demanda un érudit à Nasrudin.
— Une succession infinie d’événements entrelacés, chacun influençant l’autre. 
— Ce n’est guère une réponse satisfaisante. Moi, je crois en la cause et l’effet.
— Très bien, répondit le Mulla, regarde là-bas. Il désigna un cortège dans la rue.
— Cet homme est conduit pour être pendu. Est-ce parce que quelqu’un lui a donné une pièce d’argent, ce qui lui a permis d’acheter le couteau avec lequel il a commis le meurtre ? Ou parce que quelqu’un l’a vu faire et n’a rien fait ? Ou parce que personne ne l’a arrêté ? »
— Idries Shah, Les exploits de l’incomparable Mulla Nasrudin

Dans l’imaginaire collectif, le mot karma évoque souvent une sorte de justice morale universelle. L’idée que ce que l’on fait — de bien ou de mal — nous revient un jour, d’une façon ou d’une autre. Cette vision simplifiée peut sembler rassurante : elle permet de croire que l’univers est juste, que les choses s’équilibrent quelque part.

Mais dès qu’on l’applique à des situations humaines complexes — la souffrance d’un enfant, une maladie soudaine, un traumatisme hérité — cette idée du karma comme « système de mérite » devient non seulement insuffisante, mais parfois même violente. Elle peut renforcer la culpabilité, légitimer l’injustice ou détourner le regard des structures qui maintiennent la souffrance.

Dans la pratique méditative telle que je l’ai appris (compris j’imagine !) et que j’ai décidé d’enseigner — que nous allons approfondir ce printemps — le karma n’est pas une punition. Ce n’est pas une dette cosmique. Ce n’est même pas un verdict. Le karma est bien plus proche de ce que l’on pourrait appeler une habitude.

Le karma, dans cette perspective, c’est ce qui se forme à force de répétition : une manière de réagir, de penser, de se voir soi-même. C’est la trace laissée en nous par ce que nous avons vécu — consciemment ou non, choisi ou subi — et que nous avons appris à considérer comme normal.

À force de vivre certains états émotionnels — colère, peur, honte, impatience, confusion ou comparaison — nous en venons à les habiter. Et peu à peu, ces états deviennent des mondes intérieurs. Des mondes que nous ne remettons plus en question, parce qu’ils nous sont familiers.

C’est ce que je souhaite explorer avec vous ici : le karma non pas comme une loi morale, mais comme une carte des mondes émotionnels que nous avons appris à habiter, souvent bien avant d’avoir les mots pour les nommer. Et surtout, comment la pratique méditative peut devenir une manière de reconnaître ces mondes… pour ne plus les nourrir involontairement.

Contenu

Karma, habitudes et mondes intérieurs

Le karma désigne moins nos actes que les états intérieurs que nous avons appris à fréquenter, jusqu’à les confondre avec la réalité.

L’intériorisation — comment prennent formes les mondes intérieurs

Un monde s'intériorise quand une émotion qui ne connait pas le chemin de l'intérieur devient une croyance, puis habitude inconsciente — et ce que nous appelons karma n’est rien d’autre que la répétition de cette manière apprise d’habiter l’expérience.

Les six mondes du saṃsāra comme états mentaux

Les six mondes du saṃsāra ne sont pas ailleurs : ils sont les états émotionnels et relationnels que nous habitons par habitude, et que la méditation nous aide à reconnaître pour ne plus y vivre sans le vouloir.

Pourquoi on reste dans ces mondes — la force de l’habitude

Ce qui rend ces mondes difficiles à quitter, ce n’est pas qu’ils soient agréables, mais leur familiarité : à force de les habiter, ils deviennent des refuges inconscients, façonnant notre identité et nous empêchant de voir qu'il existe d'autres façons d'être.

Méditer pour reconnaître, pas pour éviter

La méditation ne cherche pas à fuir nos mondes intérieurs, mais à les rencontrer avec stabilité et discernement, en reconnaissant les habitudes émotionnelles et relationnelles pour en sortir et accueillir une présence plus claire et plus vivante.

Invitation à la pratique ce printemps

Ce printemps, chez Espace Metta, nous vous invitons à une série de méditations explorant les six mondes du saṃsāra, non pas comme un savoir théorique, mais comme une pratique vivante pour mieux comprendre nos habitudes émotionnelles et mentales, et apprendre à vivre autrement avec elles.

Karma, habitudes et mondes intérieurs

Si l’on cesse de voir le karma comme un système de récompense et de punition, une autre compréhension devient possible. Le karma, dans sa racine la plus simple, signifie littéralement « action » — mais il ne s’agit pas ici d’une action isolée. Ce sont les traces laissées par nos actions répétées, les sillons creusés par nos gestes, nos réactions, nos façons d’habiter la vie.

Et ces traces ne sont pas uniquement visibles dans nos comportements. Elles s’inscrivent dans nos façons de ressentir, de penser, de réagir intérieurement. Ce sont des chemins neuronaux, émotionnels, relationnels que nous empruntons si souvent qu’ils deviennent des automatismes. Nous les appelons parfois tempérament, style de personnalité, ou simplement « c’est comme ça que je suis ». Mais ils ne sont pas fixes. Ils sont le fruit d’une exposition répétée à certains états.

Ce que nous appelons karma, dans cette optique, pourrait donc se traduire par :
l’habitude de fréquenter certains mondes intérieurs.

Ces mondes sont des manières de ressentir et de percevoir qui finissent par façonner notre réalité entière. À force de vivre dans la peur, tout devient menaçant. À force de vivre dans la comparaison, rien ne semble suffisant. Dans le monde du jugement, même le silence devient suspect. Ces mondes ne sont pas imaginaires : ils ont leur propre logique, leur propre densité, leur propre climat.

Et ce qui les rend si puissants, ce n’est pas qu’ils soient vrais.
C’est qu’ils sont familiers.

Ce sont des états que nous avons appris à reconnaître, à anticiper, à tolérer… et parfois même à confondre avec la vie elle-même. On ne choisit pas consciemment de vivre dans ces mondes. On y arrive par accumulation. Par exposition constante. Par adaptation silencieuse. Et on y reste souvent parce que personne ne nous a montré qu’il était possible de vivre ailleurs.

Ce printemps, ma proposition est donc simple, mais exigeante : apprendre à reconnaître les mondes que nous habitons, non pour les fuir, ni pour les juger, mais pour cesser d’y revenir sans le vouloir.

L’intériorisation — comment prennent formes les mondes intérieurs

Personne ne choisit sciemment d’habiter l’enfer du jugement, la prison de la honte ou le désert de la solitude. Et pourtant, nombreux sont ceux et celles qui y vivent — parfois depuis des années. La question n’est donc pas : « Pourquoi suis-je comme ça? » mais plutôt : Comment suis-je devenu·e si familier·ère avec cet état?

Ce que nous appelons ici monde émotionnel naît d’un processus lent, souvent invisible, qu’on peut nommer l’intériorisation. Tout commence par une expérience marquante ou répétée : un moment de rejet, une tension non écoutée, une surcharge, une attente trahie. Parfois, ce déclencheur est subtil. Parfois, il est ancien. Parfois, il s’est produit si tôt qu’on ne sait même plus lui donner un nom.

Cette expérience déclenche une réaction émotionnelle naturelle — colère, tristesse, peur, sentiment d’injustice. Mais dans de nombreux contextes — familiaux, sociaux, culturels — ce tourbillon émotionnel n’est pas reconnu et encore moins éduqué vers des réponses adéquates. Il est plutôt immédiatement freinée, jugée ou refoulée. On nous apprend très tôt à ne pas déranger, à ne pas pleurer, à ne pas poser de questions, à être fort·e, sage ou discret·ète.

Alors, au lieu de s’exprimer, l’émotion reste comme suspendu en nous, et elle se transforme. Elle se mêle à la pensée. C’est ce que l’on appelle fusion cognitive : on cesse de sentir l’émotion comme une réaction passagère, et on commence à croire ce qu’elle semble dire sur nous. « Je suis trop intense », « je dérange », « je ne suis pas normal·e ». Le sentiment devient croyance.

Peu à peu, cette croyance se renforce à travers la rumination. Elle revient dans les moments d’insécurité, de fatigue, de vulnérabilité. Elle colore notre perception de nous-mêmes, des autres et du monde. Et, sans qu’on s’en rende compte, elle nous pousse à éviter certaines situations, à nous contracter, à nous juger. Le corps se ferme. L’esprit tourne en boucle. On se déconnecte de ses besoins, de ses limites, de sa joie.

C’est ainsi qu’un monde intérieur se forme. Ce monde n’est pas une émotion ponctuelle. C’est une structure intérieure. Une logique. Un paysage dans lequel on revient encore et encore, simplement parce qu’on ne sait plus vivre ailleurs.
Et c’est précisément là que le karma agit : non comme une conséquence punitive, mais comme la répétition de cette façon d’habiter la vie, devenue inconsciente et automatique.

Les six mondes du saṃsāra comme états mentaux

Dans la tradition bouddhiste, on parle depuis des siècles des six mondes du saṃsāra. Ces mondes, bien qu’ils soient parfois décrits comme des lieux d’existence symboliques ou mythologiques, peuvent aussi être compris de façon très concrète : comme des états mentaux, émotionnels et relationnels dans lesquels nous circulons, souvent sans en avoir conscience.

Ces mondes ne sont pas réservés à l’au-delà. Ils sont bien vivants ici, dans notre quotidien, dans la manière dont nous réagissons aux événements, aux autres, à nous-mêmes. Et surtout, ils deviennent nos résidences intérieures lorsque l’on s’y sent chez soi — non pas par confort, mais par habitude.

Il y a le monde des enfers, qui se manifeste par des états de colère chronique, de tension, de violence, ou de ressentiment. Ce monde est brûlant. Il réagit vite. Il attaque ou se défend avec intensité. Il ne connaît pas le repos.

Il y a le monde des esprits affamés, où rien ne semble jamais suffisant. C’est le domaine de la soif insatiable, de la dépendance, du profond sentiment de manque. Peu importe ce qu’on obtient, il y a toujours un vide à combler.

Le monde animal, quant à lui, est régi par la peur, la survie, l’instinct. On fonce sans penser, on répète des patterns, on évite les conflits ou on s’écrase. Il y a peu de conscience réflexive ici — seulement la répétition quasi-réflexe de ce qu’on a appris ou de ce qu’on connaît.

Le monde humain est celui de la distraction, de la recherche de plaisir, des ambitions sociales. On y court après la reconnaissance ou le bonheur sans s’arrêter. C’est un monde agité, saturé de désirs ordinaires.

Le monde des titans est celui de la compétition constante (toujours à tenter de se mesurer aux dieux dans la mythologie grecque), du besoin d’avoir raison, d’être le ou la meilleur·e. C’est un monde d’intensité, d’insatisfaction et d’autojustification. Tout y est lutte de territoire, même subtile.

Enfin, le monde des dieux semble paisible, lumineux, privilégié. Mais il est aussi plein de déni, d’attachement au contrôle et de hauteur. Ils vivent dans les nuages. On y vit dans un confort apparent, mais avec une peur secrète de tomber de haut.

Ce que ces mondes ont en commun, c’est qu’ils s’installent à l’intérieur de nous. Et à force de les habiter, nous en venons à croire qu’ils sont la réalité. Or ils ne sont pas la réalité — ils sont des mondes créés par la répétition de certaines réactions émotionnelles qui n’ont pas de place où aller, où il manque peut-être d’une certaine expertise pour y trouver une réponse adéquate.

La pratique méditative ne cherche pas à nous juger d’habiter ces mondes. Elle nous invite simplement à les reconnaître, à cesser d’en faire des automatismes, et à nous rappeler que d’autres façons d’habiter la vie sont possibles.

Pourquoi on reste dans ces mondes — la force de l’habitude

Ce qui rend ces mondes si difficiles à quitter, ce n’est pas qu’ils soient agréables. Ce n’est pas non plus qu’on les choisisse délibérément. C’est qu’ils sont devenus familiers.

À force d’y revenir, nous en avons fait des refuges — des refuges étranges, parfois inconfortables ou douloureux, mais auxquels nous nous sommes attachés. Nous avons appris à y naviguer, à y survivre. Parfois, nous les avons intégrés si profondément qu’ils font désormais partie de notre identité. On ne dit plus : « j’ai peur » ou « je suis en colère (on dit pas vraiment colère ici je sais… mais vous connaissez le langage) », mais : « je suis comme ça. »

Il est important de reconnaître que cette fidélité à nos mondes intérieurs ne vient pas d’un manque de volonté, mais bien d’une exposition répétée, souvent dès l’enfance. Certains d’entre nous ont été élevés dans des environnements où la tension était constante, où les besoins n’étaient même pas discutés, où l’on devait mériter l’amour ou rester invisible pour être en sécurité. Dans ces contextes, on apprend à habiter des mondes intérieurs qui nous protègent, du moins pour un moment. Ils deviennent nos repères.

Et même une fois adultes, dans des environnements plus sûrs, nous continuons à revenir à ces mondes. Non parce qu’ils nous conviennent, mais parce qu’ils sont ce que nous connaissons. C’est cela, le karma dans son expression la plus intime : le prolongement d’habitudes mentales et émotionnelles entretenues par la répétition. Est-ce que ces habitudes être sont encore utiles ? Peut-être qu’elles sont passées date ?

Parfois, ces mondes sont même valorisés autour de nous. La compétitivité, l’hyperperformance, la suradaptation, le contrôle émotionnel sont souvent encouragés, voire admirés. On nous apprend à « tenir le coup », à « ne pas faire de vagues », à « aller de l’avant »… mais rarement à reconnaître que nous sommes peut-être, profondément, prisonnier·ères d’un monde intérieur que nous n’avons jamais choisi.

Et plus nous restons dans ces mondes, plus ils s’installent. Ils façonnent nos perceptions, nos réactions, notre posture corporelle, notre voix, nos relations. Ils deviennent un décor permanent — et nous oublions qu’il y a autre chose.
Sortir de ces mondes ne consiste donc pas à les fuir ou à les rejeter. Il s’agit d’apprendre à les voir pour ce qu’ils sont : des constructions. Des états de l’esprit. Des héritages. Et aussi, des mondes que l’on peut cesser d’alimenter, si on choisit de cultiver une autre forme d’habitation intérieure.

Méditer pour reconnaître, pas pour éviter

La méditation n’a pas pour but de nous éloigner des mondes intérieurs que nous habitons. Elle ne cherche pas à nous couper de la colère, du vide intérieur, de la peur ou de la confusion. Au contraire, elle nous invite à les rencontrer avec stabilité, curiosité et discernement. Mais pour que cette rencontre soit possible, il faut d’abord s’enraciner.

Comme le décrit l’Anapanasati Sutta, les premières étapes de la pratique consistent à stabiliser l’attention par l’ancrage dans la respiration. On apprend à rester avec le souffle, à remarquer sa texture, son rythme, sa variation constante. Peu à peu, le souffle devient plus fin, plus profond, plus vivant. Et avec lui, le corps et l’esprit s’harmonisent. Ce travail silencieux forme les racines de l’arbre que nous devenons en méditation — des racines qui nous permettent de rester immobiles même quand soufflent de puissantes tempêtes intérieures.

Cette stabilité du souffle est plus qu’un confort : elle devient une condition de sécurité intérieure. C’est à partir de là, et seulement là, que peut s’ouvrir un autre espace : celui de la réflexion méditative, ou l’enquête intérieure. Une fois l’esprit apaisé, l’attention peut se tourner vers les sensations, les émotions, les pensées. Non pas pour les disséquer, mais pour les rencontrer avec un regard neuf. On cesse de vouloir se calmer. On commence à investiguer ce qui nous habite.

Et ce que l’on découvre un peu trop souvent, ce sont ces mondes : ces états intérieurs qui reviennent, encore et encore, avec la même tonalité, les mêmes tensions, les mêmes croyances. Grâce à la stabilité cultivée dans les premières étapes, nous pouvons maintenant les voir sans nous effondrer, sans réagir, sans fuir. Nous devenons capables de sentir la peur sans être emporté·e. D’observer la comparaison sans y croire. De remarquer la honte sans se contracter.

Ce que nous faisons alors, dans cet espace de réflexion méditative, c’est reconnaître les mondes dans lesquels nous vivons — et cesser de les alimenter par l’inconscience. C’est un travail de longue haleine, parfois (souvent) inconfortable, mais profondément libérateur. On cesse d’être prisonnier·ère de nos karmas (habitudes) émotionnels/relationnels. On apprend à faire place à quelque chose de plus vaste, de plus souple, de plus vivant.

Méditer ainsi, ce n’est pas s’éloigner de soi. C’est revenir dans la vie avec une présence transformée, capable de voir clair, de choisir autrement, de ne plus confondre l’habitude avec la vérité.

Invitation à la pratique ce printemps

Ce printemps, à Espace Metta, nous vous invitons à un cycle de méditation consacré aux six mondes du saṃsāra. Non pas comme un savoir théorique ou un exercice mental exotique, mais comme une exploration vivante de nos propres habitudes émotionnelles et mentales. Chaque monde sera abordé comme un paysage intérieur que nous avons tous et toutes, à un moment ou à un autre, habité.

Durant cette série, nous méditerons non pas pour nous libérer des émotions difficiles, mais pour entrer en relation avec elles autrement. Pour reconnaître les signes qui nous indiquent que nous sommes en train de d’entrer dans un de ces mondes. Pour comprendre, à travers l’expérience directe, ce que signifie le karma quand il est vu comme l’effet de la répétition et de la familiarité.

Nous pratiquerons l’ancrage dans le souffle, le retour au corps, l’accueil des émotions, et peu à peu, la réflexion méditative : cette capacité d’observer avec clarté, sans s’identifier. À mesure que la pratique s’approfondira, nous apprendrons à ne plus prendre les mondes pour la réalité. À ne plus les nourrir. À nous rappeler qu’il est possible d’habiter la vie autrement.

J’encourage les participant·es intéressé·es à avoir une pratique régulière de l’attention à la respiration et une bonne stabilité émotionnelle avant d’entreprendre ce type de méditation.  D’autre part, vous êtes les bienvenues si vous êtes désireux·se d’approfondir votre pratique, cette série est une invitation à entreprendre un voyage intéressant dans ces mondes. À ralentir. À reconnaître le climat, la nature des mondes que vous portez en vous — et à marcher avec un peu plus de présence, de liberté et de tendresse dans ce que vous vivez.

Si vous avez un abonnement ou des cartes de cours au studio, vous pouvez déjà réserver vos places à la session de printemps. Ça débute le 7 avril 2025.

Bienvenue dans cette exploration intérieure

Aidez-moi à comprendre vos intérêts et vos besoins.

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