Origine et intention
Cet automne, dans le cours de méditation, j’étudie un texte important de la tradition bouddhiste avec mes élèves (attends une minute avant de changer de poste… la science s’en vient !) : le sutra du diamant. C’est un texte qui parle de la façon dont la compassion et la générosité émergent chez celles et ceux qui cessent de s’attacher à leurs histoires, leurs identités… Bref, leurs égos. Un prétexte qui nous offre l’occasion de discuter de plein de sujets dont celui de la compassion… Ça parle de bodhisattva là-dedans, un genre d’archétype ultime de la compassion. Et comme j’aime aborder les sujets de la vie sous différents angles, je vais prendre l’angle de la science de la compassion pour terminer la session d’automne.
Après avoir passé autant de temps à l’université (2001 à 2009, bacc., maîtrise et étude doctorale en biologie… bin non, pas de PhD; Et un retour aux études (doctorales) de 2017 à 2019 en épidémiologie de la santé mentale au travail… bin non, toujours pas de PhD), je suis toujours tenté de revenir à cette écriture sèche et précise de la science. Bien que je sois un fan de poésie et de belle prose, je trouve qu’il y a quelque chose de rassurant dans les explications scientifiques… Alors, de temps à autre, je vais vous parler d’un article que je trouve intéressant pour en faire un résumé…
Celui que j’ai choisi aujourd’hui en est un de Kristin Neff PhD, une chercheure du département de psychologie de l’Université du Texas, Austin. C’est un article intitulé « Self-Compassion : Theory, Method, Research, and Intervention » publié en 2023 dans l’Annual Review of Psychology. Les Annual Reviews sont dans tous les domaines de la science et sont bien réputés. C’est un genre de privilège de publier là-dedans. Cette chercheure travaille sur l’autocompassion depuis 2003 où elle a lancé ses recherches dans le domaine en publiant d’abord un questionnaire, le Self Compassion Scale. Ce questionnaire qui mesure les différentes dimensions de l’autocompassion, a été traduit en plus de 20 langues et le concept de l’autocompassion était retrouvé dans plus de 4 000 articles scientifiques en 2023.
L'autocompassion est une approche qui encourage chacun à se voir avec la même bienveillance que l'on pourrait accorder à un ami. Lorsqu’on se trouve face à un échec, une difficulté ou une peine, l’autocompassion consiste à trouver la force pour se soutenir et s'apaiser soi-même, en reconnaissant que ces moments font partie intégrante de l’expérience humaine. La professeure Neff n’a pas inventé l’autocompassion… L’autocompassion est intimement imbriquée dans plusieurs approches védiques, bouddhistes, yogiques, tantriques depuis des milliers d’années. Son innovation est surtout dans la systématisation (son questionnaire) de l’autocompassion pour qu’elle devienne un objet d’étude scientifique. Dans son article de revue, Neff développe une compréhension approfondie de ce concept, des recherches associées et des impacts observés sur le bien-être psychologique.
Contenu de l'article
Comprendre l'autocompassion
Les Effets Positifs de l'Autocompassion sur le Bien-être et les Relations
Les Mythes et Idées Reçues autour de l'Autocompassion
Vers une Société Plus Bienveillante
Comprendre l'Autocompassion
L’autocompassion, selon Neff, est une manière de répondre à ses propres difficultés avec compréhension et douceur. Inspirée de la compassion pour l’autre, l’autocompassion implique de tourner cette bienveillance vers soi-même. Ce concept s’articule autour de trois dimensions clés :
Les Effets Positifs de l'Autocompassion sur le Bien-être et les Relations
Bénéfice pour la santé mentale et physique
Bénéfices pour nos relations
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Les Mythes et Idées Reçues autour de l'Autocompassion
L’idée que l'autocompassion rendrait les gens « mous » ou « trop indulgents » est une crainte répandue. Cependant, la recherche montre que l'autocompassion favorise au contraire la résilience. En se considérant avec bienveillance, les individus peuvent mieux faire face aux difficultés, se relever plus rapidement après des échecs, et prendre des décisions plus équilibrées. L'autocompassion n'est pas un signe de faiblesse, mais une source de force intérieure qui permet d'affronter les défis avec sérénité et confiance.
Une autre idée fausse est que l’autocompassion pousserait à « se laisser aller » et à éviter les efforts. En réalité, la bienveillance envers soi-même ne signifie pas se contenter de moins, mais plutôt prendre soin de son bien-être de façon durable. Les personnes qui pratiquent l'autocompassion adoptent souvent des habitudes saines, comme faire de l'exercice, manger équilibré et respecter leurs limites, parce qu'elles valorisent leur santé et leur équilibre sur le long terme.
On craint aussi parfois que s’accorder de la compassion réduise notre capacité à être bienveillant envers les autres. Pourtant, la recherche indique que les individus qui pratiquent l’autocompassion sont plus empathiques et compréhensifs dans leurs relations. En prenant soin d’eux-mêmes, ils développent une maturité émotionnelle et un équilibre qui leur permettent de mieux soutenir et comprendre les autres. L'autocompassion renforce l'interconnexion avec l’autre et permet d’établir des relations plus harmonieuses et authentiques.
Beaucoup de gens pensent que sans autocritique sévère, ils perdraient toute motivation. Cependant, l'autocompassion n'empêche pas de vouloir s'améliorer ; elle change simplement la nature de la motivation. Au lieu de viser des objectifs par peur de l’échec, l’autocompassion encourage une motivation plus durable, axée sur le désir de progresser et de se développer. La recherche montre que les personnes compatissantes envers elles-mêmes sont plus susceptibles de persévérer et de rebondir après un échec, car elles apprennent de leurs erreurs au lieu de s’en vouloir.
Vers une Société Plus Bienveillante
Philippe